Pleine de promesses, la transformation numérique vient tout de même avec son lot de défis et d’obstacles. La direction doit en prendre conscience le plus tôt possible et mettre en place les facteurs de succès pour en assurer la réussite.
Si la transformation numérique est sur toutes les lèvres depuis de nombreuses années, nombreux sont les dirigeants qui nous disent que les résultats sont mitigés voire même que ce fut un échec.
On entend encore beaucoup parler du faible taux de succès de projets de cette envergure. Les statistiques se situent toujours autour de 25 à 35% selon différentes études (IBM, Standish Group, et autres). Je ne sais pas pour vous, mais j’aimerais bien renverser la vapeur et avoir un taux de succès de 65 à 75%. Mais qu’est-ce qui fait qu’on n’y arrive pas ?
L’expérience collective nous démontre également que bien au-delà des enjeux technologiques, les enjeux humains, d’intégration et d’adoption sont ceux qui ont le plus grand impact négatif sur l’atteinte des résultats attendus. C’est pourquoi on entend plusieurs commentaires du genre :
On peut donc comprendre à quel point la transformation numérique doit devenir la priorité des dirigeants et non seulement des technologies de l’information. Et par priorité on veut bien entendu dire qu’on veut la comprendre, comprendre l’ensemble des éléments qui composent un projet de transformation numérique (et non seulement la technologie qu’on va implanter), le temps, les efforts et les budgets qui doivent être alloués à la gestion des impacts, la formation de la main-d'œuvre, etc.
« Si nous avions pris conscience, au tout début, de tous les enjeux périphériques que nous allions devoir gérer, nous aurions certainement entrepris la transformation différemment et obtenu de bien meilleurs résultats. »
DG d’une entreprise de location de voitures
Les promesses du numérique sont nombreuses : on nous fait rêver avec :
Pourtant, Entreprises Québec nous révèle qu’encore à la fin de 2021, les entreprises canadiennes et québécoises accusaient un retard important dans l’intégration des technologies par rapport à leurs homologues internationaux.[1]
Si les entreprises qui ont bien réussi leur transformation numérique nous disent avoir souvent surpassé leurs attentes en matière de bénéfice, ce n’est pas le cas pour tous. Nous sommes encore très frileux quand on regarde les risques et les défis d’une telle transformation parce que, avouons-le, la transformation numérique, c’est exigeant et ce n’est pas facile !
Alors, regardons les défis, les pièges et les erreurs les plus communs. Voyons si on peut les démystifier et les aborder avec confiance afin de trouver des solutions pour augmenter nos chances de succès.
Plusieurs facteurs expliquent le faible taux de succès. C’est en les reconnaissant et les considérant qu’on arrivera à inverser les statistiques.
Tout d’abord, on doit prendre conscience de l’étendue la transformation. On voit trop d’entreprises déléguer la gestion de la transformation aux technologies de l’information … c’est une erreur. Il n’y a pas QUE la technologie qui fera de notre transformation numérique un succès, bien au contraire.
Voici quelques exemples :
Malgré tout, il est encore commun de mettre le focus sur la technologie puisqu’elle implique des coûts d’équipement, de logiciel ou de développement importants, les dirigeants suivent souvent de près le budget et la réalisation de la partie technologique de leur transformation et négligent les facteurs de succès humains et organisationnels. Le baromètre industriel de STIQ 2022[2] aux pages 22 et 27 cite plusieurs organisations qui témoignent de leurs difficultés et des pièges dans lesquels ils sont tombés.
La transformation numérique exige d’importantes capacités, qu’elles soient financières, humaines, ou matérielles.
Plusieurs facteurs non technologiques sont négligés dans la planification de notre transformation numérique. Pourtant, l’expérience collective des 20 dernières années nous a bien démontré que les défis les plus importants pour la réussir se situent dans des facteurs non-technologiques liés à l’humain et l’adoption des changements induits par la transformation numérique. Nombreux sont ceux qui vont même jusqu’à dire que les échecs sont causés par l’humain. Citons entre autres un article paru dans le magazine Forbes2 en décembre 2020 qui dit: « Tous nos efforts pour éviter les échecs des projets technologiques peuvent être simplifiés si nous nous concentrons principalement sur les humains qui planifient, financent et exécutent les projets. »
En effet, outre les biais personnels mentionnés dans cet article qui peuvent faire dévier un projet de cette envergure, on doit regarder au-delà du choix technologique et vérifier les angles morts de l'impact la transformation numérique sur :
Et tous ces défis finissent par avoir un impact sur nos budgets, qui deviennent monstres; nos échéanciers qui s’allongent par manque de planification globale; et la réalisation des bénéfices qu’on attendait de notre transformation numérique.
Responsabilité partagée : la transformation numérique transforme les façons de faire et exige la collaboration entre tous les secteurs touchés
Au moment de la planification :
On doit planifier en fonction de tous les projets et des opérations afin de prioriser réalistiquement les bonnes initiatives selon la capacité que nous avons (financière ou humaine) à les réaliser et à les intégrer.
On doit se poser les bonnes questions sur notre environnement actuel. Par exemple : doit-on faire une mise à niveau de nos infrastructures ou de certains systèmes ? Avons-nous des contraintes à intégrer dans notre planification (par exemple la date de disponibilité d’une nouvelle usine)? Devons-nous prévoir des ressources supplémentaires pour maintenir nos opérations à flot ?
On doit s’assurer que la portée de notre projet va au-delà de la technologie et qu’elle inclut bien d’autres éléments essentiels. Donc on doit se poser les bonnes questions pour voir au-delà de la technologie et recenser les impacts sur notre organisation, notre culture, nos équipes, leurs compétences, les processus qui changent et leurs impacts sur les rôles et responsabilité. On pourra alors s’assurer d’allouer des ressources et des budgets à la bonne gestion des aspects non technologiques qui seront essentiels pour la réussite de notre transformation.
En cours de réalisation :
Une fois qu’on a implanté :
En conclusion, on peut s’embarquer dans une transformation numérique avec confiance quand on sait à quoi on devra faire face et qu’on est prêt pour ce qui s’en vient!
Bonne transformation!
Manon Champagne
Co-fondatrice, présidente et conseillère stratégique
Aplus
[1] https://www2.gouv.qc.ca/entreprises/portail/quebec/infosite?lang=fr&x=3408021445
[2] https://www.stiq.com/wp-content/uploads/2023/05/STIQ-Barome%CC%80tre-2022-FINAL-WEB.pdf